Edito du 26 février 2017 — Paroisse de la Rédemption-Saint Joseph

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Edito du 26 février 2017

Par Mgr François Duthel

Cet éditorial est un peu long, mais je ne peux pas me taire. En effet, notre diocèse vient de vivre une tempête, largement relayée par les médias, avec le départ du sacerdoce d’un prêtre charismatique, le Père DG, qui était curé de la paroisse Sainte-Blandine. Il n’est pas possible de passer cela sous silence. Il était devenu une star apparaissant notamment avec une épée lumineuse sur internet, une épée qui entre maintenant au cœur de l’Église. Il était aussi une sorte d’électron libre dans le paysage ecclésial lyonnais, qui repoussait certain comme il en attirait d’autres. C’est en effet une souffrance énorme pour ses frères prêtres pour lesquels l’engagement dans le célibat est une des dimensions du sacerdoce, car elle permet d’être totalement donné au Christ et à ses frères, sans esprit de séduction et sans souci d’être une star car le prêtre n’a qu’un message : l’Évangile et mes stars sont des colosses aux pieds d’argile. De plus, le cœur d’un prêtre n’est pas à prendre ! C’est aussi une souffrance pour tous les jeunes, qui se sont confiés à DG et qui lui faisaient confiance dans sa démarche pastorale, même si cette dernière, qui devenait de plus en plus ressemblante aux télévangélistes américains, suscitait de nombreuses perplexités, tant chez les prêtres que chez les laïcs. Certains jeunes sont profondément blessés et meurtris. La population jeune changeait régulièrement de configuration, ce qui signifie que ce n’était pas une communauté qui se rassemblait, mais le souci du nombre, d’un certain business d’une population jeune attirée par un groupe musical. Le propre d’une paroisse est d’abord de faire naître et grandir une communauté stable comprenant toutes les générations, et non pas d’attirer en prenant les jeunes par ce qui leur est le plus immédiat : la musique et parfois un bruit assourdissant qui n’est pas nécessairement propice au recueillement. Sans oublier des situations inconvenantes comme celle de cette jeune femme, très court vêtue, faisant récemment une conférence assise sur la table de communion !

Mais comme beaucoup de prêtres et de laïcs, ce qui me semble le plus grave, c’est la lettre que le Vicaire général a lu, au nom du Cardinal, lors des messes du dimanche où l’événement a été annoncé publiquement et qui, de ce fait, faisait autorité pour le départ de DG, sans aucune analyse ni discernement. En effet, il n’y a aucune trace de repentir, de regret devant la faiblesse humaine, que l’on pourrait aisément comprendre, dans le fait de briser l’engagement sacerdotal. Il y a des moments où l’humilité, la faiblesse et la pauvreté de cœur doivent pouvoir transparaître car nul n’est parfait. Nous sommes dans la situation de quelqu’un qui réussit successivement divers engagements définitifs, et qui en est heureux. DG dit qu’il a reçu un appel de Dieu à s’engager dans la voie du mariage. Comment est-ce possible alors que Dieu lui avait déjà lancé un appel à s’engager dans le sacerdoce ? Personnellement, je pense que DG se trompe. Il place ses sentiments et ses pulsions au rang d’un appel de Dieu. Il y a donc une grave confusion des plans, une exacerbation affective débordante sans discernement, qui est, en quelque sorte, entérinée par le diocèse qui a fait en sorte que cette lettre soit lue publiquement et soit accessible sur le site du diocèse. Peut-on penser désormais que tout sentiment ou toute pulsion pourra être considérée comme un appel de Dieu si la personne l’envisage ainsi ? Tout pourra alors être cautionné. Nous sommes là dans le cadre d’un pur individualisme, d’un utilitarisme et d’un syncrétisme, démarches qui habitent largement notre monde et qui fait dire à beaucoup : ‘Puisque cela me fait plaisir, c’est donc que c’est bon’. C’est une perspective qui a été remise en évidence par la nouvelle édition d’un livre de Jean-Marie Guyau, il y a quelques dizaines d’années, Esquisse d’une morale sans obligation, ni sanction. Le titre est suffisamment explicite. Et que dire de l’audience papale, qui apparaît comme une manipulation du Successeur de Pierre, entérinant la prétendue belle démarche de DG et comme une promotion du mariage des prêtres ? Je ne peux que prier pour DG, demandant au Cardinal Newman que DG a longuement étudié de l’aider à entrer dans une démarche d’humilité sous le regard de Dieu dans la voie qu’il a choisie, qu’il y trouve la paix du cœur. Puissions-nous aussi prier pour que notre diocèse se relève de ce drame et que l’ensemble des prêtres puisse continuer à vivre leur engagement dans le sacerdoce et que nous puissions continuer sans crainte à appeler des jeunes à se donner totalement et pour toujours dans le sacerdoce, comme d’autres sont appelés à se donner totalement et pour toujours dans le mariage !